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LUDWIG VAN BEETHOVEN

mais Ries, virtuose impeccable quant à l’exécution digitale des plus grandes difficultés, était de race sémitique et ne pouvait pénétrer le sens intime de la musique du maître, essentiellement aryenne. Aussi Beethoven ne voulut-il rien dédier à Ries, pas plus qu’à Moscheles, et pour la même raison ; mais, à Mme Ertmann, admirable interprète, au piano, de ses sentiments, il dédia la Sonate op. 101 ; et il offrit en présent à Marie Bigot, autre interprète selon son cœur, le manuscrit de l’appassionata. Nous ne trouverons en tête d’aucune pièce musicale le nom de Schindler, ce famulus au dévouement de chien fidèle, qui méritait mieux peut-être que les épithètes dont l’affublait Beethoven, si souvent agacé par son manque de tact musical et autre, mais ce dernier sut bien reconnaître les qualités de cœur d’un autre bourgeois de Vienne, le marchand drapier Wolfmeier, en lui dédiant, quelques jours avant de mourir, le XVIe quatuor. Bettina elle-même, l’illustre et folle Bettina, ne reçut que l’hommage d’un lied sans importance, tandis que le nom de Brentano figure en tête de la sonate op. 109 et des superbes Variations sur un thème de Diabelli, l’une des grandes œuvres de la troisième époque.

Mise à part la sonate op. 7, dédiée tout d’abord à Wœlffl, puis à une éphémère amoureuse, Babette de Keglevich, on ne trouvera qu’une seule offrande d’amour dans tout l’œuvre beethovénien : la sonate à Juliette Guicciardi. Nous avons prouvé qu’on ne peut qualifier ainsi l’op. 78, à Thérèse de Brunsvik. Quant à la IVe symphonie que de superficiels critiques ont voulu regarder comme inspirée par la noble comtesse, elle a pour dédicataire le comte d’Oppersdorf, qui