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LUDWIG VAN BEETHOVEN

tecteur ; par deux fois, il tente de réaliser cette difficile composition : un quatuor à sonorités égales… Il n’y parvient pas… et il a l’honnêteté d’en convenir. C’est seulement quatre ans plus tard qu’il se décide à écrire les six quatuors Lobkowitz dont certaines formes rappellent celles employées par les K. Stamitz, les Cannabich et autres musiciens de second ordre de l’école de Mannheim. « À partir d’aujourd’hui seulement », déclare Beethoven à un ami, « je commence à savoir écrire un quatuor. »

Il usa de la même réserve à l’égard de la Symphonie. Bien que familiarisé, par ses études de jeunesse, avec le métier de l’instrumentation, ce ne fut que tardivement qu’il s’essaya à produire une symphonie ; et encore ce premier essai, en dépit des émerveillements ou des protestations de ses contemporains au sujet de l’étrangeté de la première mesure, ne peut vraiment passer à nos yeux que pour une adroite imitation des dernières œuvres de Haydn en ce genre.

Et maintenant, quittons le Beethoven élève de génie, mais qui n’en est pas moins encore le bon élève, pour voir entrer en scène, avec l’année 1801, un Beethoven différent et absolument renouvelé.

Comment s’opéra cette transformation ? À quelles causes l’attribuer ? C’est ce que nous examinerons dans la partie musicale du prochain chapitre.