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LUDWIG VAN BEETHOVEN

rassembler en un seul morceau ce qui eût suffi à en défrayer vingt… À mes débuts, j’aurais commis en composition les plus grossières insanités, sans les bons conseils de papa Haydn et d’Albrechtsberger. »

Il est donc permis d’affirmer que Haydn fut pour Beethoven un guide précieux dont les avis, recueillis soit au cours d’une promenade, soit dans les longues conversations tenues au café où l’élève offrait au maître une tasse de chocolat (22 kreutzer pour les deux tasses), ouvrirent l’esprit du jeune homme aux grands problèmes de la composition, du plan tonal et de l’architecture musicale.

Revenons maintenant aux influences qui transparaissent dans la première manière du maître de Bonn.

On peut dire de ce premier Beethoven qu’il emprunte à Ph.-Emmanuel Bach son style de piano, à W. Rust, sa pensée créatrice, à Haydn, son impeccable architecture.

L’imitation du style d’Emmanuel Bach est surtout frappante dans les premières œuvres. Le largo du deuxième trio, op. 1, présente une distribution de nuances et d’accents pareille à celle qu’avait coutume d’employer le musicien du grand Frédéric ; les sonates, op. 2, et surtout la première, en fa mineur, rappellent, même thématiquement, les Sonates prussiennes ; le finale est un parent bien proche, quoique plus affiné, de la 3e sonate (IIIe livre) du recueil pour les connaisseurs et amateurs. Et dans bien d’autres pièces, notamment l’op. 10, no 2, on pourrait constater cette imitation.

Si l’on se reporte aux œuvres de Rust, ne reconnaît-on pas sa manière de penser, et même d’exprimer sa pensée, dans la deuxième sonate pour piano de Beethoven ?