Page:D’Indy - Beethoven, Laurens.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LUDWIG VAN BEETHOVEN

Wenzelgasse comptèrent parmi les meilleurs souvenirs de Beethoven à Bonn.

Par toutes ces relations, le renom du jeune homme s’étend et se fortifie ; on commence à parler des concerts qu’il donne à la Cour. Waldstein lui a commandé la musique d’un ballet chevaleresque et des variations sur un thème de son cru. Beethoven compose des cantates à l’occasion de la mort et de l’avènement des empereurs d’Autriche, frères de son Prince-évêque. Max Franz, Mécène des artistes comme l’avait été sa sœur Marie-Antoinette, s’intéresse de plus en plus à l’astre naissant ; Mozart n’a-t-il pas dit de lui : « Vous entendrez parler de ce gaillard-là » ? Et le « papa Haydn », passant à Bonn à son retour d’Angleterre, ne s’est-il pas étonné de le voir encore en province, loin des conseils des maîtres ?

Aussi, sur les instances de Neefe et de Waldstein, le Prince-électeur se décide-t-il à se priver des services de son concertiste favori et à l’envoyer, à ses frais, compléter ses études à Vienne, auprès de Haydn.

Grande rumeur dans la petite ville : son grand homme va la quitter ! C’est à qui apportera au bon Beethoven un souvenir, un dessin, un mot pour son album. Chacun, jusqu’au sacristain de la chapelle électorale, tient à figurer sur cette précieuse liste d’amis.

Entre temps, Waldstein a nanti son protégé de nombreuses recommandations et s’est employé à lui ouvrir les salons de la haute aristocratie viennoise, des Fries, des Liechtenstein, des Schwarzenberg. On verra bientôt Beethoven admis dans l’intimité du prince Lichnowsky, avec une pension de 600 florins et un domestique qui a ordre d’obéir à son coup de sonnette