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LUDWIG VAN BEETHOVEN

volets de son propriétaire pour les faire grincer, maraudant les œufs de la mère Fischer, — (« Je ne suis qu’un « croque-notes, » lui répondait-il en riant, lorsqu’elle l’accusait d’être un croque-œufs) — courant, pendant les vacances, dans sa chère campagne et attrapant, deci, delà, quelques pâtés de grives dont les curés du voisinage le régalaient en récompense d’une improvisation sur l’orgue.

Ses premiers professeurs furent : son cousin, le pieux Rovantini, la douceur même, Pfeiffer, dont les prétendus mauvais traitements ne laissèrent pas d’aigreur dans l’âme de son élève puisque celui-ci n’hésitait pas, quelques années plus tard, à secourir son vieux maître tombé dans la misère, enfin Neefe, l’organiste de la Cour, qui avait fait du petit virtuose, du jeune amateur âgé de douze ans, son suppléant à la chapelle électorale. Grâce à ce dernier, Beethoven sera bientôt titulaire d’un emploi de 150 florins. Quelle fierté alors pour le père, de conduire le dimanche, à travers les rues de Bonn, ce petit bonhomme en costume de gala : frac vert d’eau, veste de soie brodée aux grandes poches galonnées d’or, jabot qui l’engonce et perruque bien lissée sous laquelle sa chevelure rebelle a tant de peine à se tenir tranquille.

Quelle satisfaction d’entendre Ludwig improviser audacieusement sur le thème du Credo et s’amuser parfois à faire détonner un célèbre chanteur dans les lamentations de Jérémie, à la grande joie de ses camarades !

Aussi le jeune homme restera-t-il toujours reconnaissant à son véritable initiateur dans l’art musical, ce Neefe, esprit cultivé, philosophe à ses heures, mais surtout clairvoyant pédagogue. « Si jamais je deviens