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LUDWIG VAN BEETHOVEN

en ses saintes volutes, elle s’éloigne, elle disparaît presque, mais c’est pour revenir bientôt plus nombreuse, plus enthousiaste, nous emporter dans son tourbillon et s’arrêter enfin, adorante, devant le trône du Tout-Puissant !

Avant de quitter ce Credo, il n’est pas inutile de relever une bizarre critique formulée par quelques historiographes au sujet du verset : Credo in unam sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam. — De ce que les paroles de ce verset ne sont confiées qu’aux seuls ténors (ne pas oublier que la teneur, ténor, a toujours été la voix la plus importante du chœur), on en a inféré que Beethoven aurait « esquivé » cet article parce qu’il n’y croyait pas… La raison nous semble tout autre, car, d’abord, tous les articles précédents sont traités de la même manière et l’on ne peut vraiment accuser le spiritualiste Beethoven d’avoir voulu « esquiver » le Saint-Esprit ! Il faut donc admettre que les critiques ou littérateurs qui ont émis cette opinion, ont lu bien peu de Messes… sans quoi ils auraient pu observer qu’aussi bien dans les messes liturgiques de Palestrina et autres que dans les messes plus modernes (nous entendons celles où le texte a une action sur la musique), cette partie du Credo est toujours sacrifiée, pour ne pas dire « esquivée ». Devra-t-on soupçonner Palestrina d’incroyance dans les dogmes de l’Église ?… La chose est beaucoup plus simple. Il suffit de lire un peu attentivement les paroles : « qui est adoré et glorifié en même temps que le Père et le Fils ; dont les prophètes ont parlé. Et en une sainte Église catholique et apostolique, etc. » pour voir qu’elles ne sont pas musicales… Ces mots spécialement écrits contre les hérésiarques, ne se prêtent à aucune envolée lyrique ou dramatique.