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LUDWIG VAN BEETHOVEN

Voilà, ce nous semble, ce qu’il faut voir dans la Symphonie avec chœurs, si on veut la considérer avec les yeux de l’âme.

Et maintenant, comment est construit, au point de vue technique, ce monument dont la conception est si absolument nouvelle ? Pour exprimer des choses aussi inusitées, l’auteur va-t-il briser impatiemment les moules anciens, rejeter avec mépris les vieilles formules, fouler aux pieds toutes les traditions ?… Oh ! que non pas ! — Il n’est peut-être pas, dans l’œuvre entier de Beethoven, de symphonie (les deux premières mises à part) qui s’éloigne moins de la forme traditionnelle, que cette Neuvième, cependant si monstrueuse aux yeux des contemporains. Le premier mouvement ne s’écarte en aucune de ses parties du type-sonate ; le scherzo n’a de nouveau que sa double reprise ; l’adagio est un honnête lied en sept sections bien tranchées, et le finale un thème avec six variations[1], séparées en deux groupes de trois par l’exposition du chant religieux. Mais la valeur, l’importance et la proportion des éléments choisis par le poète de la Charité ont longtemps — bien longtemps — dérouté ceux « qui ont des oreilles pour ne point entendre ».

La Missa solemnis. — Nous voici en présence de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de toute la musique.

  1. On est en droit de s’étonner que parmi les historiens des Symphonies aucun ne parle de la faute laissée par Beethoven cinq mesures avant la 5e  variation (Allo non tanto), non plus que de celle qui subsiste encore dans la VIIe Symphonie (1er  mouvement, 8e  mesure de la réexposition). Il semblerait cependant que le commentaire historique de ces erreurs relevât du domaine de la musicographie…