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LUDWIG VAN BEETHOVEN

cable de Sonate, nous laisse une impression de trouble, de recherche haletante, presque voisine du désespoir. L’analogie du thème avec celui de l’orage de la Symphonie pastorale éveille la pensée d’une tempête, non plus dans un paysage, mais dans un cœur d’homme, et la mystérieuse question de la deuxième idée, qui reste ici sans réponse, semble bien justifier cette opinion. C’est l’âme en proie à l’angoissante torture du doute. Alors, pour échapper à ce tourment, l’homme se plonge dans le torrent des passions, et la fébrile activité du Scherzo, changeant sans répit de rythme et de lieu, serait la peinture de ce nouvel état. Cependant, dans le trio, un appel, qui laisse déjà entrevoir la forme « Charité » du thème, se fait entendre à plusieurs reprises, mais il passe, emporté par le formidable coup de vent des passions, et le tourbillon reprend de plus belle. Le mouvement de ce trio a été jusqu’ici diversement interprété. La plupart des chefs d’orchestre le ralentissent désespérément et en font une aimable villanelle tout à fait en désaccord avec les intentions de l’auteur. Pour peu qu’on veuille prendre contact avec le manuscrit original, aucun doute ne peut subsister sur le mouvement que Beethoven y a indiqué : prestissimo, et qui doit, par l’égalité des deux mesures, continuer sans changement l’allure du stringendo qui le précède. — La troisième pièce, la seule qui soit hors de la tonalité principale, est une prière dont l’apparente tranquillité n’exclut pas l’ardeur d’un violent désir. L’âme demande avec insistance à être éclairée, et, tout à l’heure, l’intervention divine lui apportera la lumière. Le thème de cet adagio, qui éveille les échos les plus intimes du cœur, n’est autre que la réponse à la question posée dès