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LUDWIG VAN BEETHOVEN

l’inauguration du théâtre du faubourg Josephstadt, qui est dans la vieille forme prélude et fugue, nous aurons passé en revue toutes les œuvres de la troisième époque, réservant les deux colosses pour le dernier chapitre.

VII

LA NEUVIÈME SYMPHONIE ET LA MESSE SOLENNELLE

La IXe Symphonie. — La Symphonie avec chœurs est, à notre époque, trop connue pour qu’il soit nécessaire de l’analyser une fois de plus[1] ; nous voudrions seulement tenter ici une explication de ce qui nous semble être, d’après la musique, le véritable sens de cette œuvre. Nous ne prétendons aucunement à l’infaillibilité, mais, si nous nous trompons, ce sera de bonne foi et, à coup sûr, moins grossièrement que ceux qui ont voulu voir là dedans une apologie révolutionnaire de la liberté.

Observons d’abord que tous les thèmes-types de la symphonie présentent l’arpège de l’accord de ou de si bémol, les deux assises tonales de l’œuvre ; on peut donc considérer cet arpège comme le véritable thème cyclique de la IXe symphonie. L’œuvre entière n’est qu’une lutte entre les divers états de ce thème, inquiet et changeant dans les deux premiers mouvements, apaisé dans l’adagio et définitivement fixé dans le finale où les paroles viennent enfin donner son explication.

Le premier mouvement, construit sur un plan impec-

  1. On peut lire un très intéressant commentaire sur la genèse de l’œuvre dans le livre de M. Prod’homme : Les Symphonies de Beethoven.