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LUDWIG VAN BEETHOVEN

proposer mutuellement des énigmes à résoudre. Beethoven, reprenant cet usage, se montre, en ces courtes fantaisies, l’homme aux joyeuses boutades qu’on pouvait remarquer buvant, à quatre heures, sa chope habituelle dans un cabaret voisin du rempart. Les trente canons sont, pour la plupart, des Gratuliren (comme disent les Allemands modernes) ou des jeux de mots plus ou moins drôles. Gratulire, le canon du dîner de 1817 : on se réconcilie avec Mælzel sur le thème du Scherzando de la VIIIe symphonie. Gratuliren, le canon sur le nom de Hofmann, jouant sur le déplacement de l’accent, le canon sur le nom de Kühlau (1825), dans lequel, par une bizarre fantaisie, prennent place les quatre notes significatives du nom de Bach. Il en est aussi de satiriques : dans celui qu’il dédie pompeusement au violoncelliste Hauschka, Beethoven lui enjoint d’écrire une gamme, et voilà que, dès la seconde entrée, l’antécédent monte et descend la gamme de mi bémol ; il en est d’alertes, comme : Rede, rede, rede, rede ; d’expressifs, comme celui pour Spohr (1814) : « Courte est la douleur, éternelle est la joie. » Il en est enfin qui équivalent à de véritables compositions ; par exemple l’envoi de souhaits de bonne année à l’archiduc Rodolphe, pour le 1er janvier 1820 : « Tout bien, tout honneur au prince », et la belle pièce à six voix sur le texte de Gœthe : « Que l’homme soit noble, généreux et bon » (1823).

Si nous nommons encore, pour mémoire, les deux cantates avec chœur : Le Calme de la Mer (1815) et celle pour le prince Lobkowitz (1816) ; si nous y ajoutons une Marche pour musique militaire, un Allegro pour orchestre (1822) et, même année, l’ouverture pour