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LUDWIG VAN BEETHOVEN

1826. — Comme la Sonate op. 110, ce quatuor tout entier est la représentation musicale du dénouement d’une crise, probablement physique ici, puisque cette composition coïncide avec la maladie, assez grave pour nécessiter un mois de lit, que fit Beethoven, d’avril à août 1825. Mais la crise n’est plus qu’un souvenir et c’est un sentiment d’effusion religieuse, de douce et filiale reconnaissance, qui émane de l’œuvre entière. L’introduction, court motif de quatre notes, donne la clef sans laquelle nul ne peut pénétrer dans le superbe édifice qu’est ce premier mouvement. Dire comment cette clef tourne dans les serrures pour ouvrir une à une toutes les chambres du palais, serait du domaine d’un cours de composition, aussi nous contenterons-nous de signaler la ravissante deuxième idée en trois phrases, selon le système beethovénien, idée dont la troisième phrase réunit à la fois le rythme du thème initial de la sonate et l’harmonie très particulière du motif-clef de l’introduction. Certes, il suffit de lire ce premier mouvement, pour être convaincu que Beethoven savait composer ! — Un scherzo au trio champêtre — dernier souvenir de la cornemuse du musicien ambulant — nous retrace la démarche, encore mal assurée, du convalescent, en ses premières promenades. — Et puis, c’est le « Chant de celui qui est revenu à la santé, offrant à Dieu son action de grâces ». Nous disons : à Dieu, car, si on considère la nature de la musique, il serait souverainement ridicule de prétendre que cet hymne parfaitement catholique pût s’adresser à un quelconque Esculape !… À cette époque, Beethoven, pour composer sa Messe, a étudié de près les mélodies liturgiques, il a lu attentivement les œuvres