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LUDWIG VAN BEETHOVEN

tendres ou pittoresques de la collectivité instrumentale, Beethoven ne veuille dès lors conter ses réflexions qu’à lui-même, en de très intimes musiques.

De 1818 à 1822, ce sont quatre grandes sonates, dix-huit bagatelles curieuses, op. 119 et 126, le rondeau du « sou perdu », op. 129, et, comme jeu d’esprit entre l’élaboration de deux œuvres presque surhumaines, les trente-trois variations, op. 120.

Cependant, tout en écrivant pour le « piano à marteaux » (Hammerclavier), il pensait « la plus accomplie de ses productions », la Messe solennelle, dont le travail préparatoire s’échelonne sur ces quatre années. Et ensuite, presque aussitôt, c’est la IXe symphonie…

Mais, après ces deux colossales envolées vers l’amour divin et l’amour humain en Dieu, Beethoven revient à ses réflexions. Sans nous en livrer le secret — bien que nous puissions parfois le soupçonner — il chante en lui-même ce qu’il vient de chanter pour les autres, et, adoptant de nouveau cette forme de musique de chambre si longtemps délaissée, il fait passer toute son âme dans les cinq derniers quatuors.

Faute de pouvoir analyser ici cette légion de chefs-d’œuvre, nous renoncerons à suivre, comme nous l’avions fait jusqu’à présent, l’ordre chronologique afin de terminer dignement notre étude sur ces deux sublimités : la Symphonie avec chœurs et la Messe solennelle.

LES SONATES

Laissons de côté, à regret, la charmante sonate, op. 101, que Beethoven dédia à son amie la baronne Ertmann, œuvre où la fugue fait, pour la première fois,