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LUDWIG VAN BEETHOVEN

des Hauses, op. 124 (1822), Messe solennelle (1818-1822), Grande fugue pour quatuor à cordes, op. 133 (1825), XIVe quatuor, en ut dièze, op. 131 (1826), sans compter les nombreuses pièces dont la construction est influencée par le principe fugué.

Il n’en est pas autrement de la forme-suite, tombée depuis de longues années en désuétude, et que Beethoven fait revivre dans les derniers quatuors.

Mais c’est surtout le Choral varié des anciens âges qui reparaît en cette dernière manière. Il reparaît chez le Beethoven de 1824, dans le même esprit que chez le Bach de 1702 qui, en magnifiant les essais de Pachelbel et de Buxtehude, créa la variation amplificatrice[1]. Comme nous l’avons vu pour la fugue, la musique donne aux variations beethovéniennes un aspect si différent de celui des variations de Bach, que les esprits dont le jugement s’arrête à la surface, n’en sauraient, le plus souvent, discerner l’analogie.

Cette sorte de variation, parfois amplifiant le thème jusqu’à faire jaillir de lui une mélodie toute nouvelle (XIIe quatuor), d’autres fois le simplifiant jusqu’à le réduire à une quasi-immobilité mélodique (XIVe quatuor), nous ne la rencontrons qu’à partir de l’année 1820, dans l’adagio de la sonate op. 109, ensuite, et avec profusion, dans l’op. 111, dans les commentaires si curieux sur l’insipide valse de Diabelli (1823) et enfin, dans les derniers quatuors à cordes. Ainsi on peut dire que cette adaptation toute nouvelle d’une très vieille forme fut la dernière, et non la moins sublime manifestation du génie de Beethoven.

  1. Chorals pour orgue, de 1702, 1720, 1750.