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LUDWIG VAN BEETHOVEN

Émouvant spectacle, en vérité, que celui de l’auteur de la Messe en ré, donnant au monde l’exemple d’une mort chrétienne. Schindler, Gérard de Breuning, Jenger et la dame van Beethoven ont vu le malade joindre les mains et recevoir, avec une ferveur édifiante, le Viatique et l’Extrême-Onction : « Merci, monsieur le curé, vous m’avez apporté la consolation », dit-il ensuite, puis il adressa à Schindler ses dernières recommandations.

On connaît la terrible agonie, les paroles entrecoupées : « Entendez-vous la cloche ? — Voici que le décor change ! », et la mort dans un éclat de tonnerre, au milieu d’une tempête de neige.

C’était le 26 mars 1827. — Tout Vienne assista aux funérailles.

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Quelques mois plus tard, dans ce Schwarzspanierhaus encore tout imprégné des sublimes inspirations des derniers quatuors, les éditeurs viennois se disputaient, pour quelques florins, les manuscrits de Beethoven. Le marteau du commissaire-priseur s’abattit sur d’inestimables reliques. « Personne ne dit plus mot. — Adjugé ! »

VI

LA MUSIQUE

3e  période (Réflexion).

Une particularité curieuse et qui mérite d’être signalée, c’est la soudaineté des transformations du style dans le processus de l’art beethovénien. Les transitions n’y existent pour ainsi dire pas, et très rares sont les pièces