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LUDWIG VAN BEETHOVEN

8e régiment d’infanterie, à Iglau, et Beethoven écrit : « Toutes mes espérances s’évanouissent d’avoir auprès de moi un être en lequel j’aurais vu revivre le meilleur de moi-même. »

Cependant, sa confiance en Dieu restait inaltérable : « Il se trouvera bien quelqu’un pour me fermer les yeux. » Et voilà que la Providence a mis sur son chemin le petit de Breuning. Est-ce sa jeunesse qu’il retrouve sous les traits de ce gracieux enfant ? On le dirait, car, presque en même temps, dans une lettre de ses vieux amis Wegeler et Éléonore, lui arrive, comme une bouffée d’air natal, un peu de ces souvenirs de Bonn toujours présents à son cœur : « J’ai encore la silhouette en papier de ta Lörchen ! » — Sa pensée va retrouver « les belles contrées où il a vu le jour ». Ce qui bourdonne en ses oreilles, n’est-ce pas le bruit des cloches des Minimes, de l’église qui l’a vu tout petit à l’orgue, quand il prenait les mesures du pédalier, retrouvées après sa mort dans ses paperasses ? La couleur de ce vin mousseux qu’on lui envoie de Mayence n’évoque-t-elle pas la gaieté des rives ensoleillées du « Rhin, notre père » ? Et ce portrait de l’aïeul, qu’il a sauvé de la succession paternelle, comme il s’y reconnaît maintenant ; avec quelle satisfaction il le contemple !

C’est alors, nous apprend de Lenz, que ses amis constatent la disparition de la fameuse inscription théiste du temple égyptien. Par quoi est-elle remplacée à son chevet ? Par l’Imitation de Jésus-Christ.

On le trouve en train de lire la vie de Bach par Forkel et d’en souligner des passages. Sur son lit, il s’occupe, avec une joie d’enfant, à feuilleter la magni-