Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apprit sa nomination par un billet que lui écrivit M. le comte Mole avec cette suscription : « À M. le comte d’Haussonville, pair de France, M. le comte Mole, pair de France. » Ils firent ensemble les visites d’usage. Mon père porta dans l’exercice de ses nouvelles fonctions un zèle qui ne se ralentit pas un instant pendant toute la durée de la Restauration. Tous ses collègues ont apprécié la remarquable rectitude de son esprit, son inaltérable modération, sa tranquille fermeté, son désintéressement absolu. Partisan très-décidé du dogme de la légitimité, il portait un grand respect aux prérogatives de la couronne ; il était d’avis qu’on ménageât les susceptibilités royales et que la pratique du gouvernement représentatif ne fût pas, au début, rendue trop difficile ou trop blessante pour les princes de cette maison habituée depuis si longtemps à exercer un pouvoir sans contrôle. Cependant les tentatives faites pour reprendre par la violence ou par la ruse les concessions octroyées en 1815, lui parurent toujours des actes de folie et de mauvaise foi. Jamais il ne prêta son concours aux manœuvres des ultra-royalistes. Il les combattit dans tous les temps et sous toutes les formes.

Jusqu’en 1821, époque de la mort du cardinal de la Luzerne, mon père avait assisté régulièrement aux réunions politiques qui se tenaient chez ce prélat éclairé. Plus tard, il fut l’un des organisateurs des réunions d’un