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Cour. La rentrée des Bourbons était bien loin de lui déplaire ; mais la façon méprisante dont les partisans du nouveau régime parlaient de l’Empire et de l’Empereur, lui paraissait aussi ridicule qu’imprudente. On le nomma officier supérieur dans la première compagnie des mousquetaires gris de la garde du Roi, dont M. de Lauriston était capitaine. En cette qualité, il dut, lors du retour de l’île d’Elbe, escorter Louis XVIII jusqu’à la frontière de Belgique. La fortune ne contrariait pas son inclination en l’envoyant, à si peu de jours de distance, protéger tour à tour la retraite de ceux qu’elle avait successivement trahis. Rentré à Paris, mon père fut, par suite d’une mesure générale, exilé par l’Empereur à quarante lieues de la capitale. Gurcy était à vingt lieues, on lui permit d’y résider. Pendant qu’il était chez lui, il reçut une lettre par laquelle le ministre lui annonçait que le roi Louis XVIII l’avait nommé et que l’Empereur le confirmait officier de la Légion d’honneur. Ainsi mon père se trouvait à la fois exilé et décoré par le nouveau gouvernement. Le retour définitif des Bourbons réjouit beaucoup mon père. L’établissement d’une monarchie constitutionnelle, sur le modèle de celle qu’il avait vue en Angleterre, était conforme à ses opinions. La création d’une pairie héréditaire lui paraissait consacrer l’alliance heureuse des souvenirs du passé et des besoins du présent. Il fut nommé pair le 17 août 1815. Il