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M. de Mortemart partit, mais il fut reçu à coups de fusil par un corps détaché de Prussiens qui avait coupé l’avenue et passé la nuit dans les taillis qui la bordaient. M. de Mortemart revint. « M. d’Haussonville est grand chasseur, il doit y avoir des gardes ici connaissant bien les environs ; qu’on aille les chercher. » Un de nos gardes faisait justement partie des groupes de paysans qui regardaient curieusement l’Empereur. Il s’avança et donna les renseignements désirés. Pendant ce temps-là arriva le courrier du général Pajol apportant la nouvelle de la déroute des Prussiens au pont de Montereau.

Depuis que je suis devenu propriétaire de Gurcy, j’ai toujours eu l’intention d’élever une pierre commémorative en cet endroit et d’y mettre la date du jour où l’empereur Napoléon Ier y apprit le dernier succès réservé à ses armes. Je n’ai point voulu le faire sous le règne de Napoléon III. Le régime impérial était trop à la mode. Qui sait ! on aurait peut-être pris cela, de ma part, pour un acte de courtisanerie. Depuis j’ai hésité, mais pour un autre motif. Qui sait encore ! Peut-être cela passerait-il aujourd’hui pour un acte d’hostilité contre la République ? Bref, le monument est encore à élever. Si j’attends que les passions des partis soient éteintes ou que les sottes interprétations aient cessé d’avoir cours, cela pourrait me retarder longtemps.

Mon père ne fut ni bien ni mal reçu à la nouvelle