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reur avait dit : « Cela fera plaisir à M. d’Haussonville, il faut le faire. » On avait rapporté ce propos à mon père, mais il était persuadé que cette apparence de crédit tenait surtout à ce que l’Empereur savait bien qu’il n’en prétendait faire aucun usage.

Mon père croyait au bon cœur de l’Empereur ; il en donnait pour preuve ses attentions pour Marie-Louise qui le redoutait un peu, mais qui semblait avoir pour lui une affection véritable. Il ne déplaisait pas à l’Empereur qu’on s’en aperçût ; peut-être même y avait-il quelque affectation dans la familiarité conjugale et bourgeoise avec laquelle il traitait la fille des empereurs d’Allemagne. Il allait de temps en temps à la Malmaison voir encore Joséphine, un peu en cachette de la nouvelle Impératrice, et comme par hasard. Il mettait grand soin à ne pas rester seul avec elle. En sortant, il recommandait aux personnes de sa suite de ne pas dire qu’il était allé à la Malmaison : « Cela ferait de la peine à ma femme. » Mon père a été témoin de quelques-unes de ces scènes de colère qui ont tant de fois épouvanté les Tuileries. Elles lui ont toutes paru parfaitement volontaires et combinées avec un art assez apparent, qui d’ailleurs n’en diminuait en rien l’effet. L’Empereur ne procédait pas toujours par l’emportement et l’éclat. Il avait plusieurs manières d’accabler ceux contre lesquels il méditait une pareille exécution. M. de Fontanes, qui au temps du Consulat