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train de discourir ; les langues se déliaient aussitôt.

L’Empereur avait successivement repris tous les usages et les divertissements de l’ancienne Cour. Dans ces occasions, il aimait à être entouré de ses chambellans et des personnes de sa maison. Il affectait de causer de préférence avec eux. La chasse à courre redevint, comme autrefois, un des plaisirs les plus à la mode. La première fois qu’on essaya une meute nouvellement montée pour le cerf, mon père fut invité quoiqu’il ne fût pas de service. C’était à Fontainebleau. Il y eut quelque temps de perdu au début ; le cerf détourné avait vuidé l’enceinte, les chiens le rapprochaient lentement. Pendant ce temps, l’Empereur mit pied à terre, et, la bride de son cheval à la main, commença à parler chasse. Mon père, grand amateur, lui expliqua par le menu comment on s’y prenait pour faire le bois et toutes les rubriques de la chasse à courre. Le cerf lancé, on partit. Quelques heures après, les chiens tombèrent en défaut ; nouvelle halte de l’Empereur et de sa suite, nouvelle conversation : « Maréchal, dit l’Empereur à Berthier qui était son grand veneur, je parie que vous ne comprenez rien à ce qui se passe. Vous croyez peut-être que ces gens qui courent à cheval en donnant du cor avec ces chiens qui les suivent ne savent ce qu’ils font, et que si nous relançons notre cerf, comme je l’espère bien, ce sera un hasard ; pas du tout ; c’est très-savant la chasse à