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à qui mieux mieux tout ce que la Duchesse se plaisait à dénigrer. Quand la visite fut terminée : « Quoi ! vraiment, dit leur compagne, vous allez vous en aller en trouvant tout cela beau et sans vous soucier de voir la maîtresse de céans et sans vous inquiéter de savoir si elle est jolie et comment elle est bâtie ? » — « Milady, répondit mon père en riant, la demeure est très-belle, et la maîtresse digne de la demeure. C’est même un lieu enchanté, car la fée qui le possède s’amuse parfois à s’y montrer sous la forme d’une simple visiteuse. Cependant nous qui sommes aussi des génies déguisés, nous savons parfaitement que les honneurs de Blenheim nous ont été faits par la duchesse de Marlborough. »

Au retour de ce voyage de mon père en Écosse, la tourmente révolutionnaire avait pris fin. Quelques-uns de ses compagnons d’exil étaient parvenus, grâce à la connivence tacite du premier Consul, à se faire rayer de la liste des émigrés ; mon père se sentit dévoré du désir de rentrer en France et de revoir sa famille. Il se rendit à Hambourg, puis en Hollande, qui lui avait été désignée comme la voie de retour la plus facile. Arrivé à Hambourg au commencement de 1800, il y trouva des lettres de mon grand-père, qui lui indiquait les moyens de se procurer les papiers nécessaires pour passer la frontière française.

Mon père rentra en France avec un laissez-passer qui lui fut donné par M. d’Argout, alors commissaire