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mon grand-père ; ayez la complaisance de descendre et de remonter à la façon ordinaire et comme on vous l’a appris. » Mon père supportait ces traitements avec beaucoup de patience ; cependant il en souffrait. Autant par bonté naturelle que par souvenir de l’ennui qu’ils lui avaient causés, il me les a toujours épargnés. C’était sa joie de vivre familièrement avec moi dans les dernières années de sa vie, cette familiarité était devenue une véritable camaraderie. Quand je la poussais un peu plus loin que de coutume, il me disait en riant : « J’aurais voulu te voir avec ton grand-père ; je ne sais pas trop comment vous vous seriez arrangés ensemble. »

Mon grand-père s’était trouvé de bonne heure à la tête d’une grande fortune fort délabrée, qu’il s’appliqua à rétablir. La Lorraine ayant été réunie à la France après la mort de Stanislas, roi de Pologne, il eut pour constante préoccupation de se ménager à la cour de France la même situation que sa famille avait occupée en Lorraine et l’on peut dire qu’il y avait réussi, quand éclata la révolution de 89. Mon grand-père avait fait son chemin, comme toute la noblesse le faisait alors, par ses liaisons de société, par les faveurs de la cour, mais aussi par des services militaires très-réels. Il était très-lié avec le duc de Choiseul, qui, malgré ses défauts, fut encore le meilleur ministre qu’ait eu Louis XV. En 1180, M. de Flamarens s’étant montré disposé à traiter de la survivance