Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
LE ROI

— On dirait un bâton de lance noailleux.

Le prince, déjà subtil, comprit la moque. Il babouina de dédain et tourna talons. Les princes riaient.

— Ils te trouvent un peu trop martial, dit Anjou.

— Tu sens la chèvre, plaisanta Condé, l’agreste, le verjus, la vilenaille, et eux ne savent que baumes. Il faudra te faire à nos façons.

— Ce sont eux qui plieront aux miennes, dit le Béarnais.

Il regarda la troupe :

— Y en a-t-il d’entre vous qui veulent combattre à moi ? je suis prêt à leur chanter cinq et six !

Personne n’osa rire de cet aigre accent qui roulait les r en charroi, et trente saluades à la ronde avertirent le prince qu’on le respectait. Malgré tout, durant le mois, il distribua maintes gifles, et à chaque horion prévenait :

— Celui-ci pour avertir, pan ! que je n’ai pas d’eau rousse dans les veines ! zou ! zou ! zou ! (trois calottes). Et celle-ci aussi ! et cette autre encore ! Marcheront après dames culbutes qui sont de ma famille, vous entendez, coquarts !

Anjou voulut défendre un ami, les cousins se colletèrent, et d’un tour de bras le Gascon fut maître.

— Vive Bourbon ! cria Guise.

Cette scène, le soir, divertit la cour et humilia Catherine.