faux soldats qui désolent notre campagne et tuent partout à foison. Cette fête aura lieu dans huit jours. Convoquez-y grand monde, et envoyez-nous pour compère et commère les plus pauvrement besogneux des laboureurs et vignerons du Béarn, l’un portant cruchette de vin première de sa tonne, et l’autre mesure d’avoine première de son champ. Sur ce, messieurs, je vous prie de vous départir, et d’annoncer qu’il y aura musique.
La fête dura trois jours. Il y eut pour les seigneurs comédie et danses, et pour la nation gasconne éparse dans la plaine de Pau vastes mangeailles et cavalcades martiales, en morions et jupes de fer, de tous les hommes d’armes du pays. Le soir de la troisième journée, le prince de Navarre, suivi de sa nombreuse maison, se montra aux foules vêtu à la Béarnaise du sayon pyrénéen, sans atour qu’une fleur de lis au béret. Huit violons et hautbois, deux tambourins et une flûte longue célébraient à ses côtés, en grand bruit, la « Marche de Marignan ». Derrière, quatre paysannelles apportaient l’épée florentine, aux quillons courbes, au pommeau noir, horizontalement étendue, et quatre malmouchés de cinq ans, ajustés de brides fleuries, entouraient l’onagre que le roi son père conduisait. En ce bel ordre, la procession s’arrêta. Aux acclamations rouges de dix mille Gascons enthousiasmés, devant les larmes des femmes et le soleil, le premier paysan, pieds nus et les mains terreuses, présenta au cheval du