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L’ENFANT

une fronde de cuir à gaufrures et des cailloux bleus. Un marmouset ébloui s’avança pour baiser sa jambe, mais le prince le saisit au cou, l’embrassa, et lui donna même la fronde. Immédiatement on le tutoya :

— Coumo t’appélan ?

— Hénric.

Cinquante bérets voltigèrent :

— Bibé nouste Hénric !

Et la bande eut un roi.


Ce fut sa première victoire. Ce garçon poussé par sa mère « en lieux fort rudes et pierreux », vêtu en hiver du sayon montagnard, de poil de chèvre ou d’agneau, en été d’une courte tunique de toile, volant dans le grésil comme une corneille et courant les rues dans des espadrilles, ce futur monarque eût indigné Marguerite, la gracieuse fleur de Valois chantée par les musettes et les flageols de Ronsard. Mais la cour de Pau, rude, s’en accommodait.

La reine aussi. Ayant dit un jour publiquement qu’elle « le voulait rendre capable et enseigné par les peines et le labeur », on conçut pour lui le plan d’une éducation qui pouvait d’abord se passer de maîtres : la morale, l’art de l’épée et la pratique du cheval. Et on commença par la morale.

Quatre des Dames bourgeoises, élues par la reine, assirent le prince au milieu d’une chambre,