Quand il sera plus grand, vous lui parlerez de travail dont vous êtes au fait, vous qui avez aidé aux luttes de vos pères, mieux que les nobles qui, la guerre éteinte, pendent l’arme au crochet et se corrompent. Cependant, pour vous indiquer ici, par un mot, vos communes places, je vous subordonne dès cette heure à la commère qui nous arrive céans. (La nourrice entra, le mignon au sein) Inclinez vos jolis chefs de bon gré ; les moues gâtent les lèvres, et les vôtres, Dames, sont cerisettes matineuses. Que si la fierté vous ôte le sens, adieu vous dis. La belle que voilà, aux riches mamelles, représente l’image de la Terre dont nous tirons le sang, la force et la gloire des peuples ; elle est pour l’état présent la mère de votre prince, et il vous la faut entourer de soins comme les oiselets saluent la campagne au lever du jour. Après son service viendra le vôtre, personne ne sèchera sur pieds. (II leva les bras, parla plus fort) Je vous oblige ma vie et mon honneur que si vous m’obéissez comme je veux, je vous trouverai quand il le faudra renommée, privilège, pignon, dot et mari. Il n’y a pas en vous faute de cœur ; vous êtes Françaises, et de plus Gasconnes qui les surpassent. Pour commencer, je vous prie donc, Dames bourgeoises, d’aller faire vos révérences à la campagnarde qui tient le prince ; ainsi me plairez.
Les dames s’inclinèrent toutes, la corne en avant, par trois fois, se retournèrent ensemble, saluèrent la paysanne et sautèrent baiser l’enfant. Le vieillard, déjà, le cajolait.