Lassansaa, d’un bourg nommé Bilhères, limitrophe de la commune de Pau. Elle était jeune, forte, haute, avec des dents blanches, des seins gras, épais, glanduleux, aux mamelons saillants, simple et portant guimpe, de nature nette, d’intelligence pratique, l’appétit ouvert de bon matin, les lèvres fraiches et le pied sec, de ces rares et belles femmes dont on disait alors qu’elles ne mordaient pas leur bouche, ne balançaient pas leur derrière et ne portaient point de cochet à vent au cerveau. Choisie par un vieillard sage qui voulait infuser un sang peuple au roi, elle unissait en sa personne, comme un arbre chargé de fruits, les virilités et les grâces nationales. On l’accueillit comme une reine des champs, et ces deux sources pansues s’inclinèrent vers le princelet : il n’eut qu’à prendre.
— Higue ! hogue ! hagasset ! le petit chevreau. saute au chou ! cria le grand-père.
— Entre bouche et tétin n’y a pas d’encombre, dit une vieille duchesse.
À voir cet enfant si petit, si menu, si nu, aux yeux bleus comme des gouttes de ciel tombées, cette cour de Béarnais rudes s’amusait.
— Il pleurait, le voilà qui chante ! — Il se raccommode à l’écuelle, dit un capitaine.
— Crodi ! jura une voix gasconne, il lappe à grand gué, mais y a dans son plat plus de sauce que de chair !
L’enfant avalait par tétées goulues.