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LE ROI

l’Eure, plongeant ou passant le pont dans la plus honteuse panique. Les fantassins suisses ligueurs, en rangs de bataille, allaient être brossés par les Navarrais, mais le roi leur cria de se rendre, et ils apportérent leurs vingt-quatre enseignes. À deux heures la Ligue n’avait plus d’infanterie, à cinq plus de cavalerie et agonisait, Le roi reposa sa lance.

Ses chevaux se ralliaient pour chasser Mayenne vers Nantes et Nemours vers Chartres : il vint aux trois poiriers désignés pour le ralliement et y aperçut, assise à l’écart, le visage dans ses longs cheveux, sa maîtresse confusionnée qui pleurait.

À pied, la Cornette au poing, il la regarda. Elle sanglotait de pudeur, inconsciente de sa part de gloire, et n’osait regarder le jour,

Il pensa :


« Souvenez-vous, madame, de mes étendards de Coutras que vos pieds foulèrent jadis. Vous les mites en grand’douleur, et j’eusse pu alors vous le reprocher, mais ce drapeau que je tiens est aujourd’hui ma réponse. (Toujours silencieux, il sourit) Vengeance qui nous honore l’un ét l’autre ; lorsque tout ployait dans ma main, lorsque tout était inutile : mon habileté, la bravoure française, mes canons, mes armes, jusqu’au sentiment de l’honneur, je fis avancer pour vainere Mayenne le plus cher allié aux yeux de ce pays-ci : l’amour ; le vôtre, madame, et vous pleurez ! »