Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
LE ROI

et cultive dans son jardin l’herbe habituelle à ses hommes qui est la petite plante des pieds. (On rit) Faites votre devoir vigoureusement, et vous me trouverez ; je suis du pays de Complaisance, il ne faut point être de celui d’Obstination, nous ne serions point compatriotes. (La marche se précipitait) Ameutez vos forces ! clama le roi en poussant les files au passage ; tirez le licol, et honneur aux braves entêtés ! Notre guerre durera jusqu’à la fin de la gloire, qui sera j’espère avant peu, et je jure que vous labourerez ensuite comme ces Romains conquérants dont parle Pline qui fendaient leur terre d’un soc tout embarrassé de lauriers !

Il parlait encore que l’arrière-garde, courante, dépassa le verveux Gascon. Satisfait, il reprit son cheval, effleura au trot la colonne, et trois cents familières mains s’offrirent à la sienne qui les toucha toutes. Le roi s’aperçut du dédain des nobles :

— Ho ! messieurs, je vous vois sourire comme après Contras où je braillai à mes hommes, pour désattrister leur esprit, des chansons de ferme et de grand-route. (Moqueur) Se croire personnages est commun en France, c’est un vice que je châtierai. (Il les regarda jusqu’au fond du ventre) Têtes raides de sots seigneurs qui semblent vouloir décoiffer la lune, décontenançer le soleil et dévisager les étoiles ; vous devriez connaitre, vous qui me servez, que je ne hais rien tant que la dissimulation et le faste.

Froideur des nobles. Dans les rangs de la Cor-