II
Escortée des Gascons qui la rapatriaient en Béarn, la reine songeait.
Le prince inconnu qu’elle emportait dans son flanc, sur le doux tapis de la selle, l’enfantelet mâle prédit par les « sorts », quelles seraient plus tard ses destinées ?
Ses deux premiers fils n’étaient plus, légères vies effacées, peut-être, pour faire place à l’autre, et le vieux d’Albret reprochait à sa fille ces deux morts. Dans un moment de dépit, même, il avait fait un testament dont Jeanne redoutait le mystère pour le troisième fils qui allait venir. Qu’y avait-il de tracé là-haut ? L’enfant une fois né vivrait-il ? Serait-ce une inutile fille, un net garçon ? et cette vie encore en les limbes ne serait-elle pas condamnée un jour, par la fureur du grand-père, à l’impuissance et à l’ombre ? Houssine pendante,