s’alluma entière : provinces, capitales, villes, bourgs et hameaux se révoltèrent, et le pape excommunia Henri III. — Alors, il eut peur, et posa ses chiens.
— Sire, lui dit d’Épernon, autre nouvelle : le roi de Navarre s’approche.
— Que demande encore celui-là !
— Il vient vous sauver.
D’Épernon expliqua au roi le projet d’Henri, qui était d’établir « une trêve pour un an, d’unir les deux armées catholique et huguenote, et de combattre aussitôt Mayenne, l’ennemi de la France et du roi de France. » Le fou aux petits chiens eut un tremblement d’admiration.
— Il n’en veut donc pas à ma vie ? à mon trône ? Il n’est donc pas comme M. de Guise ? Je le croyais ambitieux.
— Il l’est, sire, mais point contre son honneur.
La conduite du Gascon ne variait jamais, probe, honnête, sans « trappes de côté ». Il s’agissait de sauver la France, d’étouffer la révolte, de donner la paix aux campagnes, il n’hésita pas ; et suivi de ses cinq mille hommes, vêtu en subalterne, le pourpoint usé aux épaules par l’usage de la cuirasse, en mante de drap rouge et coiffé d’un gros chapeau gris « où y avait très belle médaille », traversa le fleuve à Plessis-les-Tours. Le roi de France l’appela mon frère.
— Aujourd’hui qu’il ne fait plus froid entre nous, dit le Gascon, je prie Votre Majesté de me