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LE ROI

est trop forte, le soldat qui s’en sert aime mieux la laisser couler à terre que de la rompre ; si elle est trop faible, elle vole en éclats sans effet. Compagnons, la manœuvre !


La force n’est pas une prostituée, elle se reprend vite et broie en poussière ses amants d’une heure. Henri de Guise n’entrait dans Paris que pour l’acheter, non pour le sauver. Aucune hauteur d’âme, une seule passion : le trône. Le peuple trompé se mit à genoux, lui fit palper ses chapelets et s’en frotta les paupières. À petits pas, comme les égoïstes, il disait à tous des choses galantes.


Là-bas, en Gascogne, le roi de Navarre instruisait ses troupes :

— Dans une charge contre la cavalerie, dirigez la lance de bas en haut en pointant à la visière de l’homme ou à la tête du cheval, contre le piquier ou l’arquebusier en visant la tête et le cou. — Compagnons, la manœuvre !


Paris fut à Guise. Le languissant roi de France, alors, sans cesser de flatter les quatre petits chiens qu’il portait tout le jour dans un panier suspendu à son col par des rubans, fit venir quatre-mille Suisses. Le peuple les chassa. Négociations. Guise triomphant voulut être nommé lieutenant-général du royaume, exigea Paris pour Brissac, et la Picardie et la Normandie pour ses parents. Verte comme l’herbe, Catherine quitta le due ; et suivi des gardes françaises, des courtisans et de la noblesse, le roi de France avec ses petits chiens s’évada vers Chartres.