— Sire, voici d’ingrates paroles, vous oubliez les Gramont !
Elle était charmante de courroux, de fièvre, de hauteur émue ; son sein essoufflé battait, et d’imperceptibles grises buées s’exhalaient de ses lèvres minces, par jets, sur le feu tremblé des bougies.
— La ! La ! fit le Gascon, vous mettez la ville dans. le faubourg ! Est-ce ma faute si je m’impatiente !
— Sire, nos cœurs…
— Je connais cette flûte : mon cœur ! votre cœur ! nos cœurs ! J’en ai plus que vous, madame, et ce cœur est parfois si gros qu’il me monte au nœud de la gorge ! Ici, autre ariette ; vous me dites que nos deux cœurs correspondent, mais je vois de quelle manière : comme la grand’route qui va de Paris à Pau, hélas ! sans toutefois bouger.
— Sire, je vous suis servante, non esclave ! Il rit. Mais toute sa tête s’était froncée comme un mufle, et ses oreilles rouges tressaillirent. Frissonnante, elle recula :
— Votre Majesté veut-elle comprendre enfin que je l’adore, prostrée devant le héros par la plus sainte admiration, et me retourner en échange un peu de mon humble amour pour son auguste personne ? (Madame de Gramont, exquise de dignité, se mit à genoux) Dieu voit mon âme, toute vide de coquetteries ; je lui fis un vœu lorsque vous allates en guerre, sire, et j’espérais ce soir vous en faire la confidence, mais nous nous sommes mal