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LE ROI

les troupes qui avaient chargé se levaient des herbes, ôtaient leurs chapeaux joyeux ! Mille casques grinçaient au bout des piques ! reîtres et corselets, superstitieux, tournaient vers ce doux sourire, en se préparant à combattre, le chanfrein hagard des juments, et de papillonnantes écharpes agitées par des mains ravies lui envoyaient l’âme des capitaines !

Je vais donc revoir mes Béarnais, haletait la Dame en trottant. Il faudra, monsieur, leur donner de bonnes granges, du pain chaud.

Elle dégrafait son corset du buffle :

— Ces démons d’Espagne m’ont toute froissée. Je suis lasse.

— Vos Gascons sont ici, dit enfin le mestre de camp.

Posée sur le poing de l’officier, lente, d’un effort de malade, elle toucha terre. Et des feuillages écartés, d’aigres hurlements retentirent :

— Aou ! âou Di biban ! la voilà ! elle ! C’est elle ! c’est notre Dame ! la bonne Jeanne, Jeanneton de Navarre ! Madame la Reine ! la Reine !

Debout sur le tertre, le flanc déceint, pâle de fatigue et de joie, elle les nomma mignonnement :

— Bérets… mes chers bérets…

Son émotion doublait sa fatigue, des perles de sueur sautaient dans son souffle :

— Béarnais chéris, mes bérets aimés, qu’êtes-vous venus de si loin ?

Tous voulaient voir la femme, la flairer, l’en-