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LE CAPITAINE

porter le vin de Sa Majesté ! (Madame de Gramont, d’un doigt rose, découvrit la barbe du Gascon, appuya sur ses mâchoires creuses) Vous avez maigri, cher aimé.

— C’est que je n’eus point chaque soir, comme ici, brouet d’Allemagne, tanche aux soupes (son sourire dansait sur la nappe claire, il énuméra) : pâté, venaison, rosé de lapereaux, queues de sanglier à la sauce chaude, crème de chevrettes et rasades d’antiques vins du Lot. (Il prit le cure-dent de fenouil que le Maître apportait dans un plat d’argent, et sourit) Minable Gascon, je me nourrissais comme le soldat.

— De quels mets ?

— Tringue ! Zingue ! Pardi ! de ce que la guerre offre aux gens : côtelettes du Cheval de Troie ou rôtis de la Vache Io, nerveux comme l’on sait, avec par-dessus quelques pichets de vin soutirés au baril du sieur Diogène. En voilà, a, a, a, fit-il en badinant le nez joli, juste assez pour perdre un beau ventre.

— Vous êtes done toujours pauvre ?

— Coffre-fort du Gascon : trois grains de blé, les économies d’une année.

— Tête de bon fou ! dit en riant madame de Gramont, vous resterez jeune éternellement, sire.

Un bras sous son corps, il l’enleva tout à coup ; mais le devinant, confuse, elle glissa de l’étreinte et reprit son siège.

— Sommes-nous point bien ? (Pourpre, elle re-