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LE CAPITAINE

Rien ne frémit dans les régiments. Ces âmes de soldats erraient dans l’immense, dans le fantastique et le rêve. Les terreurs étaient oubliées.

— Les mutins se sont tus, souffla Rosny.

— Tout le monde écoute…

Pour saisir avec plus de force ces campagnards dépaysés, le royal terrien continua sur les champs qu’il connaissait mieux que personne, et d’un geste courbe de laboureur désigna le vaste horizon :

— Après ce salut à ses colonels, le guerrier partit au jour de Saint-Pierre, en janvier, dont on dit que s’il pleut en ce matin-là toute vigne est réduite au tiers, entra en France, lut sur l’almanach février : « Février le court, dit-il, ch’est l’pire ed’tous », s’achemina, promenant, vers ses fermes de Picardie, tâta la jeune avoine et les groseilliers, s’y applaudit du soleil qui lui promettait rouges pommes, continua son chemin, petits pas petits, avec ses valets, grogna sur le gel de mars, fit bombance dans les châteaux, erra par l’avril pluvieux en ses autres terres, y ordonnant de semer l’orge malgré la foudre, envoya missive à sa femme qu’il l’irait baiser à la Saint-Laurent que les noisettes sont creuses, tempêta par coups de gros mots contre la lune de mai dont allaient mourir ses bons fruits et reçut non sans grommeler dix-sept jours d’eau qui plurent à piques, de quoi, bien au contraire, eût dù s’enchanter, car la fange en mai donne épis en août. Pendant ce