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LE ROI

Dès lors, il mena la vie d’un mestre de camp, toujours en selle, halecret aux reins, casque en tête, accourant de Pau à Nérac et de La Réole à Béziers, impromptu, soit à l’aube du jour, soit à la nuit, réveillant chacun, entraînant les compagnies par les plaines, bondissant côtes et montagnes, buvant les fleuves et mâchant les lieues d’une si énergique allure qu’il y avait de quoi dire bien des diantres ! Les villes gasconnes joignaient leurs mains :

— Voyez donc la mine gaillarde ! Hé ! Dieu le bénisse !

Mais cette vie sans dangers lui était pesante.

— Tels oiseaux que moi, grondait-il, ne valent rien en mue ni à se cogner dans la cage ; nous allons bientôt actionner du côté de Paris, d’Aubigné.

— Tous ne vous y suivront pas.

— Lesquels ?

— Sire, je ne sais si vous vous souvenez de cette grande troupe de noblesse qui sortit de ses châteaux à votre appel pour venir assister orgueilleusement à la revue que vous nous passâtes sur le Gravier d’Agen ?

— Je me la rappelle.

— Sans prendre aucun parti, ni pour ni contre vous, cette multitude de nobles s’est logée dans les environs de Cahors quand nous y chauffions nos oreilles.

— Faut laisser aller, dit le roi ; quand ils nous auront assez applaudi, ils se décideront.