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LE CAPITAINE

somptueuse cornette sur un cheval sans bardes ni chanfrein, se montrait habillé de bure, en corset de combat, simple épée brunie, grosses bottes, le béret planté sur l’oreille, gaillard, de bonne avenance, tout passementé d’idées honnêtes et sans autre vain ornement qu’un sourire large en la bouche. Ce ne fut pas un roi ni un homme qu’on aperçut, mais bien le pays même sur une selle ; et le peuple et l’armée, au fond de ces deux yeux, s’embrassèrent silencieusement.

Henri passa au trot le long des troupes, retourna dans les rangs ouverts, sonda chacun, les bras, les cœurs, les volontés, revint face aux Gascons et fit signe qu’il allait parler. La foule se tut.

Henri, d’un coup d’œil, venait d’apprendre ces milliers de soldats. Issues des champs et des monts, ces âmes du terroir étaient comme eux solitaires.

Qu’allait-il leur dire ? Mais il fallait tout commencer. Il le devina. Et d’un geste qu’ils connaissaient bien, comme s’il parlait à des enfants, il jeta sur eux les premières paroles de son évangile : l’image du sol, la richesse de la terre, la gloire des cités, — toute la patrie.


— Compagnons !


Un silence étreignit la foule, et une lumière de regards sembla auréoler le roi. Il sourit.


— Avant de vous entretenir des pistolades, rencontres, escarmouches, combats et actions di-