des cris sauvages, quelque gentilhomme écoutant aux portes s’en retournait apprendre à Catherine que le roi de Navarre, trop mignon sans doute pour monter en selle, se divertissait en sa chambre à faire « voler des cailles » par l’épervier.
— Il ne peut plus même chasser, se disaient les vieux. Où est le temps de Loudun, de Jarnac, de Montcontour ?
La reine-mère, joyeuse, s’impatientait :
— Encore un peu de cette vie, songeait-elle, et nous prendrons le deuil de Gascogne.
Ventru, blafard, l’œil clignotant et rouge, par les tentures écartées un petit vieillard surgissait, hideux, après ces mois de silence. Qui ? Était-ce là le Gascon, l’alerte Pyrénéen d’autrefois aux écarts de biche et aux cris d’aigle ? Fantôme…
On ne le craignait plus. Les dames et les seigneurs se dédommageaient en lazzis de la peur absurde qu’ils avaient eue d’un roi incapable de persévérance, et une veille de Toussaint, dit l’Estoille, que le Béarnais jouait à la paume, « le peu de cas qu’on faisait d’un prince que chacun galopait d’injures comme un domestique fit bien du mal au cœur à beaucoup d’honnêtes gens qui les regardaient ». Le peuple qui avait aimé le Gascon lui restait fidèle dans sa déchéance.
Une catastrophe, un moment, écarta du roi de Navarre l’attention moqueuse de la cour. Après avoir langui deux années, Charles IX mourut au château de Vincennes.