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quelques Auteurs, qui paroiſſent exemts de toute Partialité[1] : mais, c’eſt à ceux-là, que bien des Ecrivains, zélez pour leur Parti[2], prennent à tâche de répondre. Ils font ſi bien, que, s’ils ne les convainquent pas d’Erreur, ils embrouillent la Vérité, & obſcurciſſent l’Evidence de certains Faits. Si nous nous en rapportons à Sleidan, Luther vécut & mourut comme un Prédeſtiné[3]. Pluſieurs Auteurs Catholiques, & même preſque tous, en font un Débauché, & un vrai Malheureux. Il n’y a point de Milieu entre deux Extrémitez auſſi oppoſées. Qui croire, dans une auſſi grande Diſſemblance de Sentimens ? Chacun ſuit les Ecrivains de ſa Religion. Mais, cette Conduite n’éclaircit point la Vérité :

    Les Faits y ſont déguiſés : les Raiſons réciproques n’y ſont point rapportées dans toute leur Force, ni avec une entiere Exactitude ; &, ce qui uſe la plus longue Patience, il faut lire un grand Nombre de Termes durs & injurieux, que ſe diſent des Hommes graves, qui, d’un Point de Doctrine, ou d’un Fait conteſté, ſe font une Querelle perſonnelle. » La Bruyere, Caracteres ou Mœurs de ce Siécle, pag. 171.

  1. Mr. De Thou.
  2. Tous les Ecrivains Jéſuites.
  3. Sleidan, Hiſtoire de l’Etat De la Religion & République ſous Charles-Quint, Livr. IV.