Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mens extraordinaires ſont autant de Voiles obſcurs, qui cachent la véritable Cauſe de beaucoup de Faits. Dans bien des Auteurs anciens, ce ſont les Sacrifices, les Entrailles des Victimes, les Poulets Sacrez, qui occaſionnent & décident du Gain ou de la Perte d’un Empire, & de la Durée d’un Roïaume. Il y a dans le I Livre d’Hérodote presqu’autant d’Oracles que de Pages. Je ne doute pas qu’ils n’aient été rendus ; mais, je voudrois ſavoir, ſi l’on y a toujours ajouté une grande Confiance, ſi l’on a déterminé leurs Réponſes par des Préſents, & ſi l’on s’eſt ſervi de leur-Sens ambigu pour prévenir l’Eſprit du Peuple, aiſé & facile à ſéduire ? On ne ſauroit douter, que ceux, qui conſultoient les Oracles, n’y ajoutoient aucune Foi. S’ils en avoient eu le Pouvoir, ils euſſent peut-être traité ceux qui les rendoient, comme un Général Romain traitta les Poulets Sacrez.

Quand les Auteurs anciens ont parlé d’un Miracle, & qu’ils lui ont attribué quelque Evénement conſidérable, j’aurois voulu, qu’ils euſſent développé comment il l’avoit produit, & décidé préciſement ſi un tel Fait étoit arrivé