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perdu, ils nous deviendraient inutiles pour notre Eclairciſſement : nous ne pourrions en faire plus d’Uſage, que des Annales des Chinois ; & comme, ſans doute, ils ne s’accorderoient pas avec la Geneſe & les autres Livres Saints, la Foi nous interdiroit un Examen dont le Réſultat pouvoit lui être contraire.

Si ce que nous ſavons de l’Hiſtoire, depuis la Création du Monde juſqu’au Déluge, contient bien peu de choſes pour notre Eclairciſſement, & nous laiſſe même plus de Doute que de Certitude, nous n’avons guère plus de Secours pour ſavoir ce qui s’eſt paſſé les deux prémiers Siécles après le Déluge. Les trois Enfans de Noé ſont la Source commune de toute l’Humanité, ou du moins l’aſſure-t-on ainſi : &, cependant, ces Empires, & ces grandes Peuplades, que nous découvrons peu de tems après le Déluge, ſemblent s’oppoſer à cette Croïance[1]. La ſeule Soumiſſion, que

  1. « De-là vient une nouvelle Difficulté dans l’Hiſtoire Sainte ; ſavoir, quelle étoit cette Race de Géants, qui ſubſiſta même long-tems après le Déluge, & quelles étoient ces Filles des Hommes dont Dieu deſaprouva ſi fort l’Alliance avec ſes propres Enfans, qu’il ſe repentit pour cela d’av-