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Nous avons cependant des Fragmens de leur Hiſtoire, qui n’ont point été inventez après coup[1], & dont la Vérité eſt autentique[2]. Mais, il y a apparence, que chaque Nation a eu ſon Moïſe, (je le regarde ici comme un ſimple Hiſtorien,) qui aura voulu faire Honneur à ſa Nation, ſans ſe ſoucier d’illuſtrer les autres. Quand nous aurions les Ecrits

  1. « L’Ecriture omet tout ce qui ne ſert point à illuſtrer cette Nation chérie. Dira-t-on pour cela, qu’il n’y avoit alors que ce Peuple ? Moïſe, à la vérité, ne marque rien des premiers Egyptiens, des Ethiopiens, des Scythes, & des Chinois. Cependant, on n’oſeroit avancer, que les Fragmens ſi fûrs, qui nous reſtent de leur Hiſtoire, ſoient des Fables inventées après coup pour orner chacune de ces Nations. » Lenglet, là-même.
  2. « Si l’on convient, cher Enuque, de la Vérité de ces Hiſtoires, qui font mention de ce que les Rois d’Égypte ont fait avant le Déluge, quelle Raiſon aurons nous de douter des Fragmens de Manethon, Prêtre Egyptien ; ou de la Généalogie & Succeſſion des Rois d’Égypte, que nous a donnée Hérodote ; ou de la Chronologie du même, puis démêlée par Diodore, qui porte le Regne des Égyptens plus de mille Ans au delà de toutes les autres anciennes Epoques de la Création, à la réſerve de celles des Aſſyriens, ou des Chinois, & des Indiens, qui vont encor plus loin dans l’Antiquité. » Maran, Eſpion dans les Cours des Princes Chrétiens, &c. Tom. IV Lettre. XLVI, pag. 189.