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§. III.


de l’Incertitude de l’His-
toire dans un grands Nom-
bre de Faits.


L’Histoire, que nous regardons comme le Regître des Evenemens des Siécles paſſez, ne doit point nous paroître une Preuve d’un Fait contraire à la Raiſon ; Tout ce que nous devons faire, c’eſt d’avouer, qu’un Hiſtorien fameux, qui écrit une Evénement contraire à certaines Notions & à la Raiſon, a été forcé de s’accommoder à la Prévention & à l’Erreur des Peuples chés leſquels il vivoit, & de ſuivre le Torrent de la Superſtition & des Préjugés.

On eſt obligé, lorsqu’on écrit l’Hiſtoire, de raporter bien des Faits, dont on connoit la Fauſſeté ; & l’on n’eſt point le Maître de les ſupprimer[1].

  1. « Quand Tacite rapporte quelque Miracle, il le fait par l’Exemple & Devoir de tous bons Hiſtoriens. Ils tiennent Regiſtres des Evénemens d’Importance. Parmi les Accidens publics, ſont auſſies Bruits & Opinions populaires.