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buts indignes d’un Etre ſouverainement parfait. Il faut donc, que la Raiſon, ou la Faculté de connoître, que nous avons reçue en naiſſant, n’apperçoive aucun Objet qui ne ſoit vrai en ce qu’elle aperçoit clairement & diſtinctement. Quelque Autorité, quelque Exemple, qu’on nous allegue, nous ſommes en Droit de les rejetter comme des Fables, dès que nous les voïons oppoſez à la Lumiere Naturelle ; & ſi nous les éxaminons avec Attention, nous Connoîtrons aiſément leur Abſurdité.

La plus grande Partie des Opinions Humaines ſont fondées, ou ſur l’Hſftoire, ou ſur la Tradition, ou ſur l’Autorité des Savans. Il en eſt très peu, qui ne ſoient appuïées que de la Raiſon. Avant d’aller plus avant, & pour vous montrer la Neceſſité de n’embraſſer & de ne croire un Sentiment évident, qu’autant qu’il eſt conforme à la Lumière Naturell, j’éxaminerai, ſi vous le voulez bien, l’Incertitude qui regne dans toutes autres Choſes ſur leſquelles on pouroit l’appuïer.