Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit uniquement que ſur le peu d’Utilité de la Logique, ſur l’Incertitude de cette Partie de la Phyſique qui n’eſt point appuïée par des Expériences, & ſur la ſombre & impénétrable Profondeur de la Métaphyſique. Le Révérend Pere Bonavanture vous aſſûroit, qu’une Etude de vingt Années de ſuite pouvoit à peine ſuffire pour montrer le Chemin qu’on doit tenir pour arriver à ces Sciences ; en ſorte, qu’il faut étudier vingt Ans ſous un Maître, & vingt autres dans ſon Cabinet, pour acquérir le Titre de Savant. Mais, franchement, c’eſt ſe tourmenter bien vainement pendant quarante Ans, pour demeurer enfin auſſi ignorant que le premier Jour qu’on a commencé. Vous ſavez, Madame, les Diſputes que nous avions à ce Sujet, avec ce Révérend Pere. Il prétendoit ne rien ignorer, & je ſoutenois que les Hommes ſavent fort peu de Choſes, & que ce qu’ils connoiſſent clairement eſt à la Portée de tout le Monde. Le bon Pere, alors, pour ſoutenir ſon Opinion, avoit recours à de grands Mots, qui vous paroiſſoient une Preuve de ſon bon Droit. Mais, puiſque la Lecture des Eſſais de Montagne, de quelques Œuvres de Bayle, & de