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But la Vertu, qui n’eſt pas, comme dit l’Ecole, plantée à la tête du Mont, coupé, raboteux, & inacceſſible. Ceux, qui l’ont aprochée, la tiennent au rebours logée dans une belle Plaine, fertile, & floriſſante, d’où elle voit bien ſous ſoi d’autres Choſes[1].

Est-ce-la douter ? Je crois, que c’eſt admettre la Néceſſîté des Veritez fondamentales au Bien de la Société. Mais, je ſens quels ſont les Doutes, qui ont révolté le Pere Mallebranche ; il nous les apprend lui-même. Que peut-on penſer d’un Homme, dit-il, qui confond l’Eſprit avec la Matiere ; qui rapporte les Opinions les plus extravagantes des Philoſophes ſur la Nature de l’Ame ſans les mépriſer ; … qui ne voit pas la Néceſſîtê de l’Immortalité de nos Ames ; qui penſe que la Raiſon Humaine ne la peut connoître, &c. ? Voilà donc les principales Queſtions que le Pere Mallebranche eût voulu que Montagne eut décidé hardiment. Pour moi, j’avouerai, que je le loue d’avoir agi de bonne-foi, & avoué naturellement, qu’il ne concevoit point clairement ce qui eſt inpénétrable. Je

  1. Montagne, là-même, pag.278.