Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§. V.

de la Fourberie et des Fi-
louteries des Aſtro-
logues.


Les Aſtrologues ſont ſi peu perſuadez de la Réalité & de la Vérité de leur Art, qu’ils ſe traitent mutuellement de Fourbes, & s’accuſent d’Impoſture.

Cardan, fameux Aſtrologue, ſe récrie fort contre une Troupe de Fripons & de Charlatans, qu’il accuſe d’avoir gâté & corrompu, par leurs Impoſtures & leurs Sottiſes, l’Aſtrologie Judiciaire. Il ſoutient, qu’on a prété pluſieurs Choſes à Ptolomée, qui ne ſont point de lui. Mais, ce Reproche de Cardan eſt tout-à-fait plaiſant & particulier ; car, perſonne n’a inventé tant de nouvelles Chimeres qui ne ſe trouvent point dans Ptolomée, que lui[1].

  1. Cardan fut la Victime de ſa Vanité. Il fit ſon Horoscope, & annonça qu’il mourrait dans un certain Tems, qu’il fixa. Cependant, ce Tems approchoit beaucoup, & Cardan ſe portoit toujours bien. Pour conſerver ſa Gloire, & celle de l’Aſtrologie Judiciaire, il ſe laiſſa mourir de Faim. Scaliger, & l’illuſtre Monſieur de Thou, certifient la Vérité de ce Fait. Le même Cardan dreſſa, avec beaucoup de ſoin, l’Horoſcope de