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ſoit qu’un Bourgeois de Paris regarde par ſa Fenêtre ſur le Pont Michel, il voit paſſer des Gens dans la Rue. Cependant, les Regards de ce Bourgeois n’ont aucune Influence ſur les Gens qui paſſent ; & chacun paſſeroit tout de même, encor que le Bourgeois n’eut pas regardé par ſa Fenêtre. Donc, la Comete n’a aucune Influence ſur les Evénemens. : & chaque Choſe ſeroit arrivée comme elle a fait, quand même il n’auroit paru aucune Comete, puiſque ſes Influences ne peuvent avoir aucune Vertu[1].

Il ſeroit aiſé de prouver, qu’il eſt faux qu’il ſoit arrivé plus de Malheurs dans les Années qui ont ſuivi de près les Cometes, que dans les autres Tems : &, pour être perſuadé du Train ordinaire des Choſes, on n’a qu’à ſupputer, par le Moïen de l’Hiſtoire, le Bien & le Mal qu’on a reſſenti ſur la Terre pendant l’Eſpace de quinze ou vingt Ans, lors de l’Apparition d’une Comete. On trouvera, que, l’un comportant l’autre, la Supputation ſe trouvera égale avec celle qu’on fera de quinze ou vingt autres Années éloignées des Tems où l’on aura vû des Cometes.

  1. Bayle, Penſées diverſes ſur les Cometes, &cc Tom. I, pag. 42.