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Ridicule de ces Maiſons, ſous les Noms deſquelles les Aſtrologues ont diviſé le Ciel en douze Régions, qui communiquent leurs Vertus aux Planettes. D’où eſt-ce que les Maiſons, dit ce Philoſophe, tirent leur Vertu ? Sera-ce du Ciel mobile ? Mais, pourquoi la même Partie du Ciel, qui eſt heureuſe dans une Maiſon, ſerat-elle incontinent malheureuſe dans une autre ? Cela lui vient il du Lieu & de l’Eſpace dans lequel elle eſt ? Mais, pourquoi de purs Eſpaces auroient-ils tant de Vertus ſi différentes entre elles ? Et qu’ils ne diſent point, que ce ne ſont pas les Maiſons, mais que ce ſont les Planetes, qui, dans les Maiſons, produiſent divers Effets. Car, puiſqu’une Planete, qui eſt bonne de ſa Nature, nuit dans une Maiſon malheureuſe, & que celle qui eſt mauvaiſe, y multiplie ſes Forces, on demande d’où lui vient cette Malignité, qui lui eſt imprimée par la Maiſon[1] ?

Prenez garde, Madame, que voilà toute l’Aſtrologie Judiciaire ruinée de Fond en Comble par ce Paſſage. Eſt-il rien de ſi ridicule, que de ſoutenir, que de purs Eſpaces puiſſent communiquer un Nombre de Vertus différentes, &

  1. Bernier Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. IV, pag. 457.